ddd
........................................................................................
 

 Voyage en barbarie


Pourquoi faire ressurgir encore les images de l’atroce sacrifice ? écrit André Weckmann dans Les Nuits de Fastov à propos du drame des Malgré-Nous. C’est la question que je me pose chaque 27 janvier (Journée internationale de commémoration en mémoire des victimes de l’Holocauste et de la prévention des crimes contre l’humanité) depuis 2015, où nous donnons concerts ou spectacles ayant pour thème la Shoah.

Voici ce qu’écrit François Cheng dans la troisième de ses Cinq méditations sur la mort.

Dans le cas du génocide perpétré par les nazis, le crime a été poussé à des stades indépassables. Les nazis ont procédé avec une rationalité glaciale à l’industrialisation de la mort, faisant perdre à celle-ci tout sens : la mort n’a plus rien d’humain lorsqu’elle est le fait d’une usine qui produit des milliers de cadavres par jour, tous les jours, pendant des mois et des années, dans une terreur sans échappatoire. La mort, dont j’ai dit quelles est un de nos biens les plus précieux, cette mort-là est morte à Auschwitz.

En outre, le crime des nazis ne se contentait pas d’organiser la disparition d’un peuple, il visait à mettre tout en œuvre pour que cette disparition disparaisse elle-même, de sorte que personne, plus jamais, ne puisse à l’avenir se souvenir des vies anéanties, comme si celles-ci n’avaient jamais existé : leur mort comme leur vie devaient se perdre définitivement dans la Nuit et le Brouillard.

L’effondrement du régime hitlérien n’a pu effacer à temps tous les monceaux de corps décharnés, tous les tas de squelettes anonymes. Si nous cherchions à les oublier, au prétexte que leur image, trop insupportable, nous empêcherait de vivre joyeusement, alors nous deviendrions complices des criminels.

Nous commémorerons donc encore cette journée du 27 janvier en 2019 par un Voyage en Barbarie.

Textes de Charlotte Delbo, Anne Michaels, Lily Unden, François Cheng, Primo Lévi.

Musiques de Ilse Weber et musiques yiddish.

Dimanche 27 janvier 2019 à 15 heures. Médiathèque de Basse-Ham


_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Survivre par la musique

Hiérophanies musicales

Durch Leiden Freude

Qu'ont en commun Mordechai Gebirtig, Ilse Weber, Alice Sommer Herz, Sophie Scholl, Romain Rolland, les mamans qui bercent leurs enfants en chantant, ce promeneur sur le site d'un village détruit durant la guerre de 30 ans, ces soldats dans les tranchées de la Grande Guerre à Noël 1914 ou ces soldats anglais et allemands face à face à Tobrouk …

Au-delà de leur goût plus ou moins affirmé pour la musique, c'est le rapport qu'ils ont entretenu avec elle à certains moments très particuliers de leur vie.

Parfois ce fut un court moment où la musique leur est apparue comme une hiérophanie musicale. La Silberglocke de nos villages disparus, les Stille Nacht de Noël 1914, la chanson Der treue Husar dans le film Les sentiers de la gloire, Lily Marleen à Tobrouck … Chaque fois, la musique s'est invitée, imposée, reconnectant les hommes à leur humanité.

Parfois ce fut dans de plus longues périodes, des moments difficiles, sombres. La musique les a soutenus, portés, leur apportant consolation et paix. Comme Beethoven pour Romain Rolland.

Parfois, dans les périodes où c'est la folie destructrice des hommes qui était à la manœuvre, la musique leur fut indispensable, vitale, en leur permettant de tenir, de rester « humains » dans un monde d'inhumanité.

Ainsi les chansons de Mordechai Gebirtig, troubadour du peuple juif de l'Est de l'Europe ; entre les deux guerres mondiales chaque petit village, chaque ville les connaissait par cœur. Chopin et Beethoven pour Alice Sommer Herz, Schubert pour Sophie Scholl.

Toutes et tous, au-delà des souffrances, des angoisses, des choix douloureux de la vie, ont sur-vécu grâce à la musique.

« Nous devons remercier Bach, Beethoven, Brahms, Schubert, Schumann. Ils nous ont offert la beauté. Ils nous ont offert une indescriptible beauté. Ils nous ont rendus heureux » (Alice Sommer Herz).

Dimanche 17 mars 2019. Temple réformé d'Amnéville. Horaire à préciser.


 

Bergamasque
12 r France 57320 HESTROFF 03 87 35 76 75

email : bergamasque@libertysurf.fr